Le rapport précise qu'il est faux de croire que les forêts agissent comme d'énormes éponges qui absorbent les quantités d'eau en excès et qui la relâche en période de sécheresse. Ce phénomène existerait au niveau local mais serait bien plus complexe et surtout limité. L'étude explique qu'en période de fortes pluies ou après un long épisode pluvieux le sol est saturé et la présence ou non de forêts n'empêche pas le ruissellement de l'eau vers les vallées pouvant entraîner des inondations en aval.
En 1998, les crues du fleuve Yang Tsé Kiang dévastent de grandes régions de la Chine centrale et entraînent plus de 30 milliards de dollars de dégât. En 2000, le Cambodge, le Vietnam, le Bangladesh et l'Inde subissent également de grandes inondations qui provoqueront la mort et la ruine de milliers de personnes. Globalement, les inondations touchent plus de 60 millions de personnes tous les ans dans le monde et ont un impact fort sur l'économie des pays concernés.
Face à ces conséquences économiques et sociales dramatiques, les autorités cherchent des moyens simples et rapides pour maîtriser et limiter les inondations. L'étude précise que certains gouvernements s'accrochent à cette idée ce qui leur permet d'éviter de se pencher sur leurs propres failles en matière de prévention des crues. Les grands programmes de reforestation sont présentés comme étant la réponse aux problèmes d'inondations mais ils ne les régleront pas même s'ils présentent d'autres avantages environnementaux.
La FAO et le CIFOR estiment que le lourd bilan humain et économique des inondations ces dernières années est surtout dû au fait que de plus en plus d'habitants de la planète vivent sur des terres inondables. L'urbanisation de zones humides participant à la régulation des crues a également provoqué une imperméabilisation du sol et déséquilibré les processus d'évacuation des surplus d'eau. En conséquence, de nombreuses crues qui précédemment n'auraient été que des événements mineurs sont devenues des catastrophes majeures.
Les gouvernements ont répondu par la mise en place de digues ou de barrages mais l'étude rappelle que toutes les inondations ne peuvent pas et ne devraient pas êtres complètement empêchées. Les crues sont importantes pour le maintien de la biodiversité, des stocks de poissons et la fertilité des sols. Dans beaucoup de plaines, certaines récoltes comme le riz au Bangladesh par exemple dépendent de l'inondation saisonnière.
Le rapport précise également que la fréquence et l'intensité des inondations n'ont pas augmenté. Il semblerait que de tels phénomènes aient été enregistrés régulièrement sur les 200 dernières années. Ce serait plutôt les médias qui, grâce à la technologie actuelle, relaient les informations à travers le monde en temps réel jouant un rôle d'amplification dans l'appréciation des inondations.
La FAO et le CIFOR concluent que la complexité des processus devrait nous inciter à réévaluer nos connaissances actuelles sur les rapports entre les forêts et l'eau, et à reconsidérer les réponses conventionnelles à l'une des menaces les plus sérieuses des régions Asie-Pacifique que sont les inondations à grande échelle.